08 mai 2007

Vers un congrés de rénovation....



Consacrer désormais toutes nos forces à poursuivre la rénovation pour définir un projet de gauche adapté à la société d’aujourd’hui "

par Thierry Mandon et Arnaud Montebourg 8 mai

En obtenant Dimanche 47% des voix dans un scrutin présidentiel marqué par une participation électorale record, Ségolène Royal a réussi, dans des conditions très différentes, à repositionner la gauche au niveau où Lionel Jospin l’avait placée aux présidentielles de 1995. Beaucoup, comme nous tous, seront déçus par un résultat dont ils attendaient beaucoup plus, espérant la victoire. Mais peut-on considérer comme une "terrible défaite", selon les mots même d’un procureur indécent qui n’a pas attendu 5mn après 20h, dimanche soir, pour prononcer son réquisitoire, ce qui finalement n’est que le résultat tristement logique d’un parti socialiste dont nous avons si souvent dénoncé les conservatismes et le manque d’audace.

Rendons donc d’abord et avant tout justice à Ségolène Royal des changements considérables qu’elle a imposés aux socialistes dans sa campagne de modernisation accélérée : Révolution démocratique avec la VIème République, nouveaux outils de régulation économiques et fiscaux, priorité écologique, redéfinition et réorientation d’un projet européen protecteur et volontaire, ambition pour l’égalité scolaire, parité authentique.
Sur tous ces points, Ségolène Royal aura imposé en 6 mois au parti des avancées pour lesquelles nous nous battions depuis 5 ans sans succès. Il faudra d’ailleurs rappeler à ceux qui ont la mémoire courte et dénoncent les errements de la période 2002-2007 que nous avons eu la constance de refuser la paresse idéologique et doctrinale dans laquelle nous ont enfermés les congrès de Dijon et du Mans et que nous n’avons jamais abandonné nos combats pour quelques responsabilités d’appareil.
Cela nous rend plus fort pour soutenir le début de rénovation engagée par la campagne de Ségolène Royal, consacrer désormais toutes nos forces à la redéfinition d’un projet de gauche adapté à la société d’aujourd’hui et souhaiter vivement que Ségolène Royal fasse le choix de s’y investir, quels que soient les choix difficiles qu’il faudra assumer.

Car la rénovation d’un appareil sclérosé par 10 ans de gestion de compromis misérables sera tâche difficile.
Elle impliquera de s’ouvrir puissamment sur la société, d’associer à notre réflexion intellectuelle, hommes et femmes de gauche d’autres formations politiques et d’inventer le cadre politique de ce travail d’envergure.
Le Nouveau parti socialiste ?
C’est toujours notre démarche, l’intention d’alors est désormais évidence pour tous. Mais il y a déjà urgence car 5 années, c’est court. Prendre la mesure véritable de l’état de la société et des aspirations des citoyens, définir un projet ambitieux et crédible, rénover les pratiques et les équipes, bref rattraper le retard stratégique considérable que nous avons pris vis a vis de la droite nécessitera beaucoup de temps, qu’il faudra accomplir dans un délai record !
Il faut donc engager ce travail sans attendre, un congrès de la rénovation, pouvant se muer en assises de la gauche rénovée, devra donc se tenir d’ici la fin de l’année. Nous n’accepterons pas les tergiversations qui, visant a reporter l’inventaire des raisons de la défaite, auraient pour conséquence de faire en sorte que rien ne change. On ne rejouera pas 2002 en 2007.

Pas plus qu’on ne doit changer l’objet de la réflexion. Déjà, les plus fatigués du travail politique nous invitent a engager une réflexion sur notre stratégie d’alliance. "A gauche toute" disent les uns ; "avec le centre" déclarent les autres ! Ce n’est pas ainsi que nous concevons la rénovation.
Il serait d’abord stupide de devoir choisir l’une ou l’autre de ces stratégies. Un parti socialiste rénové devra pouvoir rassembler à sa droite et à sa gauche, faute de quoi il serait condamné a dépérir au bénéfice de formation plus jeunes et plus audacieuses. Mais surtout, la stratégie d’alliance n’est que l’aboutissement de la réflexion programmatique, en aucun cas son préalable. Quand nous devons repenser nos objectifs politiques et nos outils, il faut d’abord investir toute son énergie sur le projet. Viendra ensuite la stratégie d’alliance et les éventuels compromis.

"Rénover maintenant !" écrivions-nous après le Mans. C’est toujours et plus que jamais notre projet après la défaite. Mais ce combat dépasse désormais notre seule sensibilité. Il doit devenir celui du parti tout entier, voire celui de toute la gauche de gouvernement. C’est désormais à cela, plus qu’aux vaines querelles d’appareil, que nous devons nous consacrer.

- Thierry MANDON Porte parole de RM
- Arnaud MONTEBOURG

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