04 décembre 2006

Fichage en règle..

Sarkozy fiche la société...
Le 28 novembre, lors de la séance des questions d’actualité à l’Assemblée Nationale, Arnaud Montebourg a interpellé Nicolas Sarkozy sur son bilan désastareux tant en matière de libertés publiques que de sécurité.

M. A. Montebourg, député de Saône et Loire : Cette question est destinée à Monsieur Sarkozy. Un sénateur de votre parti politique, l’UMP, qui préside la Commission Nationale Informatique et Liberté (la CNIL), chargée de protéger les citoyens contre les abus de pouvoir en matière de fichage, vient de déclarer la chose suivante : « Ce qui se passe dans notre pays depuis 2 ans est particulièrement grave, je constate une dérive du fichage que je considère comme très dangereuse ». 100 millions de fiches de police et de gendarmerie viennent d’être recensées en France, soit presque 2 fiches par habitant.

La CNIL constate, de son côté, une explosion des recours des particuliers mis en cause à tort dans des fichiers dont vous avez la responsabilité. Un rapport de l’Observatoire National de la Délinquance remis la semaine dernière fait état de graves dysfonctionnements dans la gestion des fichiers, et révèle que ceux-ci contiennent jusqu’à 30 % de noms fichés par erreur, portant une atteinte grave à l’honneur de citoyens intègres. Plus grave, la CNIL vient de se déclarer publiquement en cessation de paiement, étranglée financièrement par votre gouvernement qui, d’un côté multiplie les fichiers, et de l’autre, affaiblit volontairement l’autorité chargée d’en empêcher les dérives.

Pendant vos 5 années de pouvoir, Monsieur le ministre, vous avez fait croire aux Français qu’il leur faudrait renoncer à une part de leurs libertés fondamentales pour renforcer leur sécurité. Vous avez systématiquement attaqué tous les contrepouvoirs : les magistrats indépendants, les journalistes qui vous déplaisent, les autorités indépendantes qui vous résistent, les députés de l’opposition, et même certains de vos amis qui s’inquiètent légitimement de vos excès.
Aujourd’hui, la vérité est beaucoup plus cruelle. Vous avez mis en danger les libertés au quotidien de nos concitoyens. Mais ceux-ci ne vivent pas davantage en sécurité, car vous êtes responsable d’une hausse continue de la délinquance depuis 2002. Qu’avez-vous à répondre à ce bilan aussi désastreux qu’inquiétant ?

M. JL Debré, Président de l’Assemblée : Merci. Monsieur Sarkozy.

M. Sarkozy, ministre de l’Intérieur : Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député, vous me permettrez de ne pas répondre sur le même ton, vous êtes connu pour vos excès, je vous les laisse. Ce sont des affaires sérieuses, Monsieur Montebourg, qu’on doit traiter sérieusement. La police moderne est une police qui doit passer de la culture de l’aveu à la culture de la preuve. L’aveu, c’était la police d’avant, la preuve, ce doit être la police de demain et même d’aujourd’hui.

Quel est le moyen pour passer de la police de l’aveu à la police de la preuve ? C’est de donner des moyens à la police scientifique et à la police technique. Quel est le vecteur qui permet de donner des moyens à la police technique et scientifique : ce sont les fichiers.

Prenons un exemple, Monsieur Montebourg, le fichier national des empreintes génétiques. Quand je suis devenu ministre, il y avait 4000 empreintes. Aujourd’hui, il y en a près de 400.000. Si vous vous étiez préoccupés de l’évolution du fichier national des empreintes génétiques, un violeur en série comme Thierry Georges n’aurait pas fait le massacre qu’il a fait en violant et en tuant 12 jeunes filles. Je n’accuse personne. Je décris une situation qui est une situation qui devrait vous amener à la plus grande discrétion.

Alors, Monsieur Montebourg, nous avons effectivement deux désaccords. Le premier désaccord, c’est la conception que vous avez des victimes. Pour vous les victimes ce sont les délinquants, pour moi ce sont les français qui chaque jour se demandent pourquoi sur le territoire de la République ont donne la primauté à ceux qui empoisonnent la vie des autres sans récompenser ceux qui travaillent dur pour faire vivre leur famille.

Et la deuxième différence, c’est la conception que nous avons de la liberté. Pour moi, la liberté, ce n’est pas de laisser un violeur en série ou un tueur en série en liberté parce que ça fait peur à une organisation gauchiste qu’on mette des empreintes génétique dans un fichier que connaissent toutes les démocraties dans le monde. Moi je veux une police efficace, c’est cela la police d’aujourd’hui, Monsieur Montebourg.

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