24 juillet 2006

Arnaud s'adresse aux militants de RM....


Chères et chers camarades,

J’ai fait un pas, personnel mais déterminé, sur le terrain difficile du choix. Choisir est l’une des aptitudes requises dans l’engagement militant et politique auquel nous sommes tous confrontés et qu’il n’aurait pas été courageux de chercher à esquiver.

Il nous faut désormais choisir, parce que nous n’avons plus le choix. Ma candidature, espérée et ressentie par nombre d’entre nous comme meilleure solution pour défendre nos idées, est devenue impossible parce qu’elle souffrait d’un inconvénient de taille : la probabilité d’une victoire était faible et nombre de camarades auraient préféré défendre, contre leurs convictions, un autre candidat en mesure de gagner, selon la mécanique du vote utile.

J’ai entendu de si nombreuses fois ce message derrière les estrades et loin des blogs, dans la bouche de camarades présents dans nos combats depuis les origines et aux convictions incontestables.

Ma candidature aurait ajouté une division supplémentaire dans la fracturation déjà multiple du parti, alors que l’esprit de préparation de l’élection présidentielle doit s’inspirer de la nécessité du rassemblement entre les socialistes et doit s’appuyer sur des actes constructifs de mise en commun des idées et des actions.

Enfin, elle se serait affrontée à la totalité du reste du parti, ce que traduit la vérification que nous avons faite de l’impossibilité bureaucratique d’obtenir les parrainages, et aurait conduit nos idées à réduire de leur influence, leur faisant perdre une part de leur capacité à pénétrer les esprits.

Le bilan de nos années de combat, de Dijon jusqu’au Mans, est intéressant, et mérite de poursuivre sa course, car nous avons réussi à mettre sur la table de la discussion politique nombre de nos propositions. Elles se sont répandues dans l’opinion. Elles sont apparues dans les programmes et devront être inscrites sur l’agenda politique de l’après victoire.

Pour répondre à la difficile question du choix, il faut se préoccuper de savoir ce que nous voulons faire de tout ce que nous avons fait ensemble jusqu’ici : La construction de la 6ème République comme solution à la crise politique et populiste du pays ; la domestication progressive du capitalisme financier comme perspective du socialisme européen ; la maîtrise sociale, environnementale et politique de la mondialisation comme héritage moderne du mouvement ouvrier ; la république européenne comme réponse à la victoire du non, sont des propositions qui ont un avenir considérable.

Elles se situent au centre de gravité des besoins du pays, mais il reste à les concrétiser en faisant la démonstration de leur possible.

Nous pouvons faire le choix de nous installer avec ces magnifiques projets dans l’idéalisme de solitaire ayant raison contre tous.
Nous serions en harmonie totale avec nous-même tout en faisant magistralement reculer nos idées !

Nous pouvons faire le choix plus difficile de nous allier avec qui ne partage toutes nos idées, pour convaincre au moins d’en mettre une partie en application.
Ce choix a ma préférence car il reflète l’exigence dans laquelle nous sommes, comme militants du socialisme, de faire gagner la gauche. Et je voudrais vous convaincre d’en faire le vôtre.

Un tel choix d’alliance ne peut pas être pour nous ou moi-même un renoncement ou je ne sais quelle abjuration. Car je n’ai nullement l’intention d’être un autre que celui que j’ai toujours été et toujours voulu être. Il est un acte de vitalité, parce qu’il organise l’inscription, dans le champ cultivable de l’avenir, de nos idées qui poursuivront ainsi leur chemin ascensionnel.

Pour nous tous et pour tout ce que nous portons depuis des années avec tant d’espérance, je préfère l’avenir à l’enfermement des catacombes. Et il ne nous est pas interdit de préférer l’alliance, souvent productive, à la solitude, parfois inutile.

Car la question la plus importante pour nous est bien celle de construire un rassemblement large de toutes les forces de gauche pour les faire gagner et gouverner durablement ensemble : celles du oui et celles du non, celles alter mondialistes et celles social-libérales, celles de la synthèse et celles hors synthèse.

Cela implique notre capacité à nous articuler les uns avec les autres, construire des compromis politiques entre socialistes en rapport avec les besoins de la population pour asseoir une majorité durable en faveur des idées de gauche dans le pays.


Si nous sommes incapables de ce genre de comportement collectif qu’avait su mettre en œuvre François Mitterrand, nos fractures seront plus ouvertes que nos perspectives de victoire.

Mais une telle espérance ne pourra être envisagée que si deux profonds désirs, exprimés dans le même mouvement par la population, rencontrent les propositions politiques de la gauche dont nous avons à nous préoccuper nous aussi.

Mesurons d’abord l’énorme désir de renouvellement du personnel politique et de changement de génération, dans lequel il faut situer nos choix.

Quatre ans et demi après le 21 avril 2002, l’appareil a maintenu le gouvernement Jospin à la Direction, refusé l’inventaire de nos erreurs, diabolisé les nouvelles idées que vous avons avancées avec toute la génération de jeunes élus que nous sommes et empêché la rénovation du projet et des pratiques.

Comme pétrifié dans un bocal de formol, le Parti joue désormais sa survie devant ses électeurs, qui s’apprêtent à sanctionner l’immobilisme, et le refus de construire une nouvelle donne. Ceux qu’on appelle les éléphants seront sévèrement sanctionnés pour avoir abusivement occupé l’espace politique du parti en empêchant l’avènement, par la transmission des compétences, d’équipes et d’idées nouvelles.

Je crois que nous ne pouvons nous tenir à l’écart de cette aspiration au renouvellement, ni prêter main forte à quiconque voudrait empêcher sa réalisation.

Mais nous savons surtout qu’elle ne suffit pas. Car nous mesurons à quel point les déceptions provoquées par la gauche au pouvoir devront nous amener à proposer dans la campagne, puis dans la victoire comme dans la future majorité, des choix politiques ancrés à gauche.

Notre candidat ne pourra pas échapper à la nécessité politique de proposer d’équilibrer ce capitalisme débridé et financier en assumant une part de confrontation, administrée même à doses progressives, avec l’organisation actuelle du système économique en s’appuyant sur les mouvements sociaux qui travaillent la société. Il pourra utilement s’appuyer sur le reflux des idées libérales qui a commencé avec les victoires du non en Europe, et ainsi chercher à organiser la maîtrise de cette mondialisation sans règle, si destructrice sur le plan économique, social et environnemental.

Face aux projets dérégulateurs et ultralibéraux des droites européennes, il serait enthousiasmant que nous portions un programme de reconstruction de la République : réhabiliter le politique, restaurer sa crédibilité et ses marges de manœuvre, c’est le sens profond de ce beau projet de 6ème République qui, s’il n’est pas intégré dans le projet socialiste doit encore faire son chemin, même en pièces détachées.

Voilà comment je crois que nous pouvons entraîner nos électeurs dans un mouvement de victoire, ainsi que tous les autres en perdition, qui ont perdu confiance en toute action politique.

Pour conjurer le danger lepéniste et infliger une cruelle défaite à la candidature Sarkozy, il est impérieux de réussir à se rassembler, réussir à nous renouveler, et réussir à tenir les promesses de la gauche. Je crois que Ségolène Royal a les atouts pour conjuguer ces trois exigences.
C’est bien sûr à elle de nous en convaincre.

J’ai fait un pas dans sa direction, en l’invitant à Frangy-en-Bresse et en imaginant de nous préparer à travailler ensemble. Il lui revient de parler à ce peuple de gauche dont nous faisons partie. Chacun d’entre vous jugera et décidera de ce que nous voulons ensemble faire de nos idées. Nous engagerons le débat à Fouras et nous le clôturerons le moment venu.

Nous préserverons ensemble notre capacité d’action commune et déciderons ensemble de choisir. Mais je crois qu’il est avant tout nécessaire de donner la chance de la victoire à la gauche.

A nous de faire en sorte qu’elle soit aussi celle de nos idées.

Je te prie de croire, Chère ou Cher camarade, en l’assurance de ma fidélité à notre cause commune.

Arnaud MONTEBOURG

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2 Comments:

At 11:39 AM, Anonymous Anonyme said...

Bonjour Marsipulam
Réflexion pour moi même et à haute voix.
Pour faire simple : j’ai le sentiment que dans cette période préélectorale, nos réflexions sur le projet, la construction d’une alternative, (notre combativité) sont minées par l’angoisse anticipée du résultat des présidentielles.
Voulons nous simplement gagner les élections (et c’est déjà beaucoup)………
ou proposer un projet de société (et là on nous oppose le réalisme à l’utopie) ?
Une équation à deux développements différents: faut-il réfléchir et argumenter dans l’objectif de battre la droite, n’est pas la même chose que, faut-il réfléchir et argumenter pour construire une alternative durable à gauche…
Encore faudrait- il le reconnaître et l’admettre car cela conduit à deux stratégies, qui, se contredisant, risquent de s’opposer (de nous opposer ? nous le sentons à travers nos échanges. D’où l’intérêt de débattre).
Ce « conflit d’intérêt » n’est pas nouveau à Gauche, mais il engage l’avenir.
Rétrospectivement, il faut admettre qu’on a trop souvent été amené à voter Contre (donc par défaut) alors qu’on aurait souhaité voter Pour. Si la stratégie du vote contre, peut être payante, elle aurait l’avantage de rassembler pour barrer la droite, elle re-nie cependant, ce « sur quoi elle rassemble » (l’essentiel étant de rassembler plus, donc large), elle stérilise les débats (pour rassembler, ne parlons pas de ce qui fâche) et le projet devient juste un alibi, synthèse d’un consensus mou. Dans ce cas, l’alliance est elle durable (nouvelle alternance) et… constructive pour…un désir d’avenir?
Mais, peut-on parier que cette stratégie tiendra la route face au candidat Sarkozy (à la différence, il prône un discours sans consensus, engagé, refuse les compromis – la force avec laquelle il assène ses convictions (au moins lui les affirme) rendent ses thèses finalement séduisantes à plus d’un. C’est un leader, un tribun. Au-delà du contenu c’est le ton ferme qui rassure et séduit d’abord et du coup certains à gauche cherchent à l’imiter, non pas sur le ton, ni forcément la conviction, mais à la remorque, sur ses thèses).
Peut-on rassembler à gauche, sur une synthèse pavée de bonnes intentions, de généralités?
> Peut-on rassembler à gauche avec un candidat libéral PS et voulons nous ancrer le PS dans le libéralisme?
> Si on cherche une réponse à ces questions, loin de nos stratégies internes, c'est hors du PS qu'il faut la trouver.
> Confronter à ce non choix, le raz le bol ou plutôt le bon sens du peuple de gauche s’est déjà exprimé sur le sujet, par le message qu’il a donné un certain soir d’avril 2002- (bravant les éléphants) il persiste et signe au soir du référendum de la Constitution Européenne.
>
> Non décidément le petit peuple de gauche ne votera plus par défaut, il ne suivra ni les sondages ni les leaders imposés!
> En 2007, il sera trop tard pour le comprendre.
C’est cette interprétation qui me fait croire qu’il y a, place, à un projet alternatif et rassembleur à Gauche. Que « c’est le bon moment », pour ancrer le PS à Gauche.

* QUESTION DE FORME, et... de droit!
Dans la présentation de RM : "Aller de l’avant" par Michael Moglia, parlant de la structuration de l’association, il est précisé
« Une association sur laquelle les adhérents gardent le contrôle. »
« Lors de l’assemblée générale annuelle, l’ensemble des militants délibéreront et choisiront l’orientation politique de leur courant »

QUESTION :
1- Tant que les candidatures à la candidatures (Novembre) n'étaient pas officiellement déposées, nous pouvions discuter et faire pression sur chaque candidat afin de faire passer nos propositions. Alors pourquoi se précipiter.
2- Arnaud est le leader d'un courant qui tient sa force dans le nombre et la capacité de mobilisation de ses adhérents. Sans leader le courant aura du mal à se faire entendre. Mais sans ses adhérents et cette force, Arnaud ne représente rien. Il doit pour exister, pouvoir compter, s'appuyer et tenir compte de ses adhérents.
Alors pour quoi ne pas vouloir entendre ses militants avant de se précipiter dans une alliance ?

Question : A Frangi allons nous assister à une grande messe et un discours langue de bois, ou pourrons nous débattre et interpeller S.R sur ses convictions confrontées à nos propositions ?
A Fouras est tu d’accord pour qu’une AG des adhérents discute sur le bien fondé d’un soutien du mouvement et se détermine collectivement.
Patrick LR

 
At 1:55 PM, Blogger RM13emeParis said...

Une AG n'aura de force que si elle bénéficie d'une forte légitimité,
ce qui implique une forte représentativé (au sein de RM)
des militants et des représentants..venant de toutes les régions.

Il faut définir précisemment
les responsabilités d'une telle AG,
et le contour des débats.

Il doit y avoir un respect vis à vis de nos représentants, une dynamique au sein
de notre courant et dans aucun cas..
une foire d'empoigne, qui ne profitera à personne.

Un débat, ouvert...mené dans de bonnes conditions, et avec de la bonne volonté..doit pouvoir amener SR
à nous répondre sur nos interrogations, et à connaitre ses engagements réels.

Restons conscients des forces et faiblesses de chacun, et des apports possibles pour l'avenir au PS..
avec les nouveaux adhérents internet à écouter.

 

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