Projet PS...ABSTENTION !
Vote du projet le 22 juin : "Pas de choix, pas le choix." par Thierry Mandon
Le Conseil d’Administration de RM tenu le 18 juin à Paris a décidé à la quasi unanimité de proposer l’ABSTENTION constructive sur le texte du projet du PS soumis au vote dans les sections le 22 juin. Voici l’explication de vote rédigée par Thierry Mandon.
Quelques jours après son adoption par le bureau national, on y voit plus clair sur le projet du parti socialiste, quoique clair ne soit probablement pas le mot qui convienne en l’espèce. Par rapport aux orientations de notre parti depuis Dijon, il y a incontestablement des évolutions sur plusieurs points qui sont, pour nous, importants. En matière de démocratie parlementaire, ceux qui en 2002 nous expliquaient que ce sujet n’intéressait personne ont bien été contraints de reprendre certaines de nos propositions (suppression du 49.3 ; maîtrise de l’ordre du jour par le Parlement ; non cumul des mandats). De même, la revitalisation de notre démocratie sociale (choix de représentativité, financement public des syndicats, hiérarchie des normes) est devenue prioritaire. La doctrine européenne est réorientée dans le sens de ce qui n’est pas encore nommé République Européenne mais s’en rapproche. Certaines propositions fiscales et sociales semblent marquer une volonté de ré-ancrer l’action de notre parti dans les couches populaires.
Mais, pour ces avancées, que de silences : silence sur la régulation du capitalisme financier où nos propositions (voir l’amendement ci-après) restent beaucoup trop audacieuses pour une direction qui ne veut pas de vagues ; quasi silence sur une politique de l’emploi ambitieuse qui se donnerait les moyens de réduire durablement le chômage (cf. amendement n°3 ci-joint) ; un an après les événements de banlieue, oubliée la politique de la ville ; chloroformées les indispensables réformes de l’université ; naphtalinisée la réforme de la justice ; écartées toutes ambitions de peser sur la mondialisation libérale ou de se doter des outils de l’harmonisation fiscale progressive en Europe.
Des avancées, des silences, et finalement le flou qui l’emporte. La méthode arrêtée par la direction de l’accumulation des propositions conduit à l’absence de choix, là où il aurait fallu choisir : quand une avancée de fond est actée, elle doit côtoyer le maintien des positions précédentes, ce qui fait que plus personne ne peut véritablement savoir le choix effectué. Des exemples ? : Les avancées parlementaires côtoient un renforcement des procédures de type présidentialiste (l’impeachment). 5 à 6 réformes fiscales sont proposées... ce qui est le moyen le plus sûr de n’en entreprendre aucune. En matière sociale, les réformes de la santé et de la retraite sont abrogées (retraite) ou simplement amendées (santé) mais on ne sait pas en quoi consisteront les réformes.
Pensé pour ne fâcher personne, le projet ne fait plaisir à personne : chacun peut s’y retrouver un peu, mais tous sont insatisfaits. C’est pourquoi, quelques jours après son adoption, chaque présidentiable prend bien soin de s’en démarquer : « insuffisant, point de départ, socle, améliorable... » Toute la sémantique la plus imaginative est développée par nos candidats à la candidature pour dire une chose toute simple : Ce projet, c’est de l’eau tiède inadaptée à une période de crise.
Nous aurions aimé voter ce projet ; Nous aurions aimé nous y retrouver pleinement et en faire le 1er acte de reconquête que nous appelons de nos vœux. Mais les meilleures volontés doivent parfois se heurter au mur de l’évidence : Impossible de faire semblant de se réjouir d’un texte qui n’est pas à la hauteur des enjeux. Comme nous n’entendons pas non plus passer sous silence les quelques avancées du texte et, plus encore, parce que nous voulons œuvrer et contribuer au rassemblement du parti, nous nous abstiendrons donc sur le vote du projet, en cherchant, jusqu’à la dernière minute à amender ce projet pour le rendre meilleur, quelle que soit la force dissuasive des procédures bureaucratiques inédites imposées par la direction.
S’abstenir par un vote en section le 22 juin prochain ; s’abstenir comme on espère : sans trop savoir quand notre parti fera enfin des choix, mais en sachant qu’un jour il les fera. Nous y travaillons, avec vous.
Par Thierry Mandon, porte parole de Rénover maintenant, suite au Conseil d’Administration du 18 juin
Libellés : Projet PS, Thierry Mandon
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